Le crédit immobilier : Une baisse des taux qui s’amorce, mais pour combien de temps ?
Le redressement du crédit immobilier continue de se dessiner, marquant un tournant dans le paysage financier français. Selon les récentes données publiées par la Banque de France, la production de crédits à l’habitat, hors renégociations, a atteint 12,6 milliards d’euros en avril 2025, contre 12 milliards en mars. Ce résultat dépasse, pour la première fois depuis la fin de l’année 2022, la moyenne mensuelle observée depuis 2011, qui se chiffre à 12,1 milliards d’euros.
Cette dynamique positive s’explique en grande partie par l’assouplissement progressif des conditions d’emprunt, entamé dès la fin de l’année 2023. En avril, le taux moyen des crédits immobiliers, hors renégociation, a baissé à 3,13 % contre 3,20 % en mars, selon la Banque de France. Les prêts à taux fixe sur de longues durées ont même retrouvé des niveaux plus attractifs, s’établissant à 2,97 % en moyenne, contre 3,09 % le mois précédent. Cette tendance soutenue a permis au taux de croissance annuel de l’encours des crédits immobiliers aux ménages de revenir à l’équilibre, pour la première fois en un an, une évolution jugée positive par l’institution.
Une Légère Remontée des Taux en Mai
Cette dynamique favorable pourrait cependant être de courte durée. En effet, les taux ont connu une légère hausse en mai 2025, selon l’Observatoire Crédit Logement-CSA. Le taux moyen des crédits immobiliers est remonté à 3,11 %, après avoir atteint son plus bas niveau à 3,09 % en mars. Pour la première fois depuis décembre 2023, les taux ont donc montré un signe de reprise. Cette tendance touche toutes les durées d’emprunt, que ce soit sur 15, 20 ou 25 ans, et marque un léger retournement après un an et demi de recul.
Cette remontée des taux est notamment due au retour des tensions sur les marchés obligataires au printemps, mais aussi à une plus grande prudence des banques dans un contexte économique mondial toujours incertain. L’atténuation des tensions géopolitiques et économiques pourrait néanmoins freiner ces hausses à moyen terme.
Une Phase d’Assouplissement Monétaire Soutient la Détente
La baisse des taux des crédits immobiliers bénéficie en partie du cycle d’assouplissement monétaire lancé par la Banque centrale européenne (BCE). Après avoir abaissé ses taux à huit reprises au cours de l’année passée, la BCE a annoncé, le 4 juin, une nouvelle réduction de son taux de refinancement à 2,25 % et de son taux de dépôt à 2 %, applicable dès le 12 juin. Toutefois, cette politique monétaire pourrait entrer dans une phase de « stabilité », comme l’a récemment souligné la présidente Christine Lagarde. Après les secousses économiques du Covid, de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique, la BCE pourrait désormais privilégier une phase de stabilisation plutôt que de nouvelles baisses radicales.
Un Rebond Fragile et Inégal
Malgré des signes encourageants dans la production de crédits, l’activité globale reste loin des niveaux d’avant la crise. L’Observatoire Crédit Logement-CSA précise que, bien que la production de crédits ait augmenté, elle demeure inférieure de 41 % par rapport à la moyenne annuelle des années 2016-2019, mesurée en euros constants. En d’autres termes, le rebond est encore fragile, et l’incertitude demeure quant à sa pérennité.
Certaines banques, cependant, continuent de recourir à la marge de flexibilité autorisée par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), qui a été mobilisée à hauteur de 15,9 % en avril, contre un plafond réglementaire de 20 %. Cette marge de manœuvre permet à certaines institutions financières d’assouplir leurs critères d’octroi, notamment pour les jeunes ménages et les profils plus atypiques.
Conclusion : Une Situation à Surveiller
En dépit des récentes baisses de taux et des perspectives de stabilité à court terme, l’orientation du marché immobilier reste marquée par une grande incertitude. Si la reprise de la production de crédits à l’habitat est un signe positif, le marché devra faire face à des défis importants dans les mois à venir, notamment en raison des fluctuations des taux et des conditions économiques mondiales. Pour les emprunteurs, la prudence reste de mise, et les experts s’accordent à dire que l’évolution des taux immobiliers dans les mois à venir sera étroitement liée à l’évolution des politiques monétaires et aux tensions géopolitiques.